J’ai commencé à m’intéresser à la généalogie en 2009. A cette époque je ne savais pas où était née la soeur de mon père Madeleine Bos. C’est en interrogeant sa fille Suzanne que j’ai appris qu’elle était née à Brens près de Gaillac dans le Tarn. Mon père et son frère Jacques étant nés à Gaillac j’avais cherché tout d’abord à Gaillac.

Je trouvais l’acte de naissance à l’état civil de Brens :

Ses parents sont domiciliés à « Labourélie » commune de Brens.

Dans les archives de mon grand père Georges Bos que mon père avait conservées, puisqu’ils habitaient ensemble à Toulouse, j’avais aperçu des documents au sujet d’un Moulin de La Bourélie.

1 – L’acte d’achat de la Bourélie : usine et propriétés

En 1886 quelques années avant le mariage de mes grands-parents, le père de Georges, Alexandre Bos dont je vous ai déjà parlé, avait acheté le Moulin de la Bourélie dont voici l’acte d’achat :

Monsieur Louis Salvy déclare faire vente à Monsieur et Madame Bos :

  • de l’usine de la Bourélie située au barrage de Pouille, qui se compose d’un grand corps de bâtiment où est installé une minoterie, d’un comprenant l’huilerie, les souffleries, des greniers, l’habitation d’un meunier, de trois autres bâtiments situés en amont de l’usine, comprenant une maison de maître, logement d’une partie d’une partie du personnel de l’usine, écuries, granges, remises, forge, serre, pigeonnier.
  • Des dépendances de cette usine qui se composent de rivages s’étendant en amont et en aval de l’usine de deux hectares de terres contigus situés au dessus de l’emplacement de l’usine, entre le chemin qui va du haut de la cote en amont de la chaussée, au chemin de Pendariès, jusqu’à la limite de la dite propriété d’avec celle des héritiers Terrassier en aval de la chaussée.
  • D’un bois à la rive de la Sauronne ou Bariac, formant les n° 242, 263, 287, 288, 289, de la section A du plan cadastral de la commune de Brens…

… »Cette vente est consentie aux conditions suivantes :

L’usine et la propriété de la Bourélie sont cédées telles qu’elles ont été acquises par le vendeur par acte du 10 décembre 1869, enregistré de Monsieur Louis de Combettes de Labourélie, qui les tenait lui même de la succession de son père »...

... »Le prix a été fixé à deux cent cinquante mille francs …

Ce qui équivaut en 2010 à près d’un million d’euros.

En 1889, trois ans après l’acquisition de la Bourélie, Georges Bos se mariait avec Marguerite Gausserand, fille d’un rentier et dont les grands-parents avaient été tonneliers à Gaillac. Je vous parlerai plus tard de cette famille gaillacoise.

La Bourélie avait été achetée par Alexandre Bos pour son fils Georges. Une société liait leurs intérêts communs « Alexandre Bos et Fils aîné ».

En 1889 Georges Bos épousait Marguerite Gausserand qui amenait une dot de 50 mille francs, Alexandre donnait 100 mille francs à son fils Georges ce qui, je pense, concluait l’achat de « Labourélie « .

En avril 1899 Marguerite Gausserand décède à Gaillac à l’âge de 28 ans.

2 -La Bourélie est alors louée en août 1899 à la Société « Les Grands Moulins du Tarn » pour une durée de 18 ans.

Monsieur Alexandre Bos, négociant domicilié à Decazeville

Monsieur Henri Bounhiol, professeur honoraire, domicilié à Albi,

Monsieur Prosper de Gorsse, propriétaire domicilié au château de Sieurac, commune de Garrigues,

Monsieur Léon Durand manufacturier domicilié à Albi,

Monsieur Charles Farenc négociant, domicilié à Albi

Monsieur Benjamin Boyer fils négociant à Albi

Monsieur Rey, docteur médecin domicilié à Gaillac

Et Monsieur Gisclard sous-inspecteur d’assurances domicilié à Gaillac.

Ces messieurs, à l’exception de Monsieur Bos agissant comme administrateur de la société « Les grands Moulins du Tarn », société anonyme ayant son siège à Albi, rue de Carmaux n° 53.

Le prix annuel est fixé à 17 000 francs.

Fait à Albi le 8 novembre 1899.

Voici le dessin qui accompagnait le bail :

Ce dessin m’avait amenée à m’interroger : en E la maison d’habitation du directeur avec rez-de-chaussée et un étage. Cette maison parait être située sur le Tarn mais je ne la retrouve sur aucun plan.

3 – En 1911 il y aura un nouveau bail à loyer avec la Société Fos, Caussé et Cie dont le siège social était à Gaillac, rue de la Madeleine au n°14.

4- La vente de Labourélie en 1917 par Georges Bos puisque son beau-père Camille Gausserand y fait allusion dans une lettre datée de du 7 juillet 1920.

« A votre passage à Gaillac le 20 décembre 1917 après la vente de la Bourélie à la Compagnie la Pyrénéenne … « 

Le Moulin existait donc encore en 1917.

5 – en 2014

J’ai voulu aller me rendre compte de visu et j’ai été fort étonnée de tomber sur le Château de la Bourélie dont je n’avais jamais entendu parler.

Aujourd’hui quand on cherche la Bourélie le GPS conduit au château et c’est à notre grand étonnement que l’on a pensé que nos grands-parents y avaient vécu.

Quelques mois plus tard j’ai pu contacter Adeline Béa qui travaille au CAUE du Tarn étant chargée de mission d’inventaire du patrimoine, elle a pu me renseigner au sujet du Moulin mais n’a pu me dire où il était situé exactement puisque non construit en 1827.

« Je vous livre les informations que j’avais récolté sur le moulin lorsque j’avais travaillé sur le château de Labourélie. Le Moulin de Labourélie, en parcelle A 12 (cf extrait du cadastre napoléonien de Brens, 1827, section A, que je vous joins où l’on voit bien qu’en 1827, il n’est pas encore construit) a été construit en 1834 par Casimir de Combettes de Labourélie. En 1847, on y installe une forge qui est par la suite probablement abandonnée puisque en 1854, il est dit qu’elle est remise en activité. En 1874, le moulin fait encore l’objet d’une nouvelle construction et celle de la soufflerie. En 1913, il est précisé qu’une construction nouvelle a été réalisée avec un outillage fixe pour une nouvelle industrie. En 1919, maison, écurie, maison de contremaître, minoterie. En 1921, une construction nouvelle pour le transformateur.  (La source de ces données : Archives départementales du Tarn, 3 P 354, matrices des propriétés foncières, registre des augmentations). »

Par ailleurs elle me confirme que le château appartenait à la famille de Combettes jusqu’à la fin du XIXe siècle. Et voici le lien qu’elle me fait parvenir pour en savoir un peu plus sur la famille de Combettes et son château. Cette famille fut durement éprouvée à la Révolution, Louis de Combettes fut guillotiné à Paris et c’est sa femme qui repris la construction du château. J’espère que ce beau château sera restauré, je trouve qu’il ressemble à un palais italien et témoigne de l’art de vivre dans notre belle province.

Mais revenons à notre moulin …

Pendant quelque temps j’ai pensé que la maison où étaient nées les soeurs de mon père avait été probablement détruite.

C’est toujours quand on laisse dormir un problème qu’il ressort un jour (peut-être) résolu.

Tout à fait par hasard j’ai découvert un gîte, Le Relais Saint Joseph situé exactement là où devait être l’ancien Moulin de Labourélie.

J’ai de suite comparé avec l’en-tête d’un courrier de mon grand père à sa femme Marguerite en 1894. Ce sont les arches qui étaient probablement à la place du moulin détruit qui ont attiré mes regards.

Qu’en pensez-vous ?

Je crois que c’est bien là la maison d’habitation du directeur de l’usine. Bien sûr il n’y a plus le Moulin, je ne vois pas le pigeonnier derrière la maison mais je pense avoir résolu le mystère du Moulin de Labourélie.

Mais ce n’est pas tout à fait sûr…

Rendez-vous le plus tôt possible à Brens, peut-être à l’automne ? Ce sera tout au moins une autre raison de se retrouver.